Ce splendide bas-relief en marbre nous montre l’Imago pietatis, c’est-à-dire le moment où le Christ est en train de sortir du tombeau entre la vie et la mort, il est soutenu par deux anges.
Notre bas-relief provient de la collection d’Achille de Clemente, collectionneur de la fin du 19e siècle à Florence. Nous pouvons voir une photo de l’oeuvre dans le catalogue répertoriant sa collection. Notre oeuvre y est référencée sous le numéro 50692. «Collezioni d’arte tra ottocento e novecento », Jacquier fotografi a firenze 1870-1935.
Sur notre oeuvre, nous pouvons voir le Christ, sortant de son tombeau, auréolé, il porte la couronne d’épine, et ses yeux demiouverts comme si il était inconscient. Les traits de son visage sont durs, cela est appuyé par la présence des stigmates visibles sur ses mains et son flanc. Il porte un périzonium noué sur le côté. Tout semble témoigner de la difficile épreuve qu’il affronte à travers sa résurrection.
Le Christ est accompagné par deux anges. L’un des deux est penché vers lui, l’une de ses mains posée sur son coeur tandis que l’autre regarde vers l’extérieur du bas-relief, semblant demander de l’aide à d’autres figures célestes. Leurs ailes, très longues ainsi que les têtes des personnages sortent du cadre intérieur donné de l’oeuvre. Les vêtements des anges sont séparés en deux parties, ils sont vêtus d’une toge, retenu par une fibule sur l’épaule. Leurs visages de 3/4, laissant apparaitre leur expression torturée et passionnelle.
Les détails de la sculpture, notamment sur le tombeau rendent cette composition encore plus réaliste. En effet, le tombeau dont sort le Christ, est composé de plusieurs panneaux, sur le devant , il est décorés de cornes d’abondances, symbole de prospérité du monde à venir. De part et d’autre de lui, sont sculptés d’autres panneaux qui partent légèrement en perspective vers l’arrière. Ces derniers sont chacun ornés d’une grande fleur. Chaque coté de l’oeuvre est encadré par une colonne corinthienne, permettant de fermer la scène, mais aussi de rajouter un décor architectural à l’ensemble et d’ajouter une dimension picturale à ce bas relief.
Ce bas-relief, représentant un sujet typique du XVe siècle, est attribué à l’entourage de Bartolomeo Bellano, élève de Donatello.
L’imago pietatis s’inspire de l’image de l’epitaphios byzantin (le Christ est représenté dans son tombeau entouré des personnes qui lui sont chers), qui était présente au VIIIe siècle puis qui s’est exportée en Europe pour se transformer au XIIIe siècle, en l’image que nous pouvons voir sur notre oeuvre. Cette image de dévotion sera reprise en sculptures, peintures ou encore enluminures. Ce thème est apocryphe, c’est-à-dire qu’il n’est pas présent dans la Bible. Donatello en a fait une version en marbre qui est devenue une inspiration pour de nombreux artistes du XVe siècle.
Donatello fait partie des artistes de la première renaissance, il est donc l’un des pionniers de ceux qui osent humaniser les personnages dans leurs oeuvres et principalement les personnages divins. A cette époque, la vie n’est pas facile, il est donc coutume de montrer que les êtres divins participent eux aussi à cette souffrance. C’était assez novateur de penser comme cela et pour les artistes tels que Donatello, c’était une prise de risque par rapport à la réaction possiblement négative du clergé.
Nous savons que celui-ci s’est arrêté à Padoue pour son travail. Après sa venue, et avec les oeuvres qu’il a laissées, son style est resté permanent dans cette ville. Il a laissé une trace indélébile. De ce fait, Bartolomeo Bellano venant de cet endroit, a suivi le travail réalisé par Donatello. Nous retrouvons dans son travail, des oeuvres que nous pouvons mettre en lien avec notre bas relief.
Nous rapprochons le style de Bartolomeo Bellano à notre oeuvre par les similitudes des expressions torturées des personnages ainsi que la dureté des articulations. Notamment les bras rigides.
Il est probable que notre bas relief ai été un élément faisant parti d’un ensemble, comme par exemple sur le tabernacle – reliquaire situé à la Basilique de Santa Maria Gloriosa dei Frari.
Nos recherches approfondies sur ce bas-relief en marbre représentant l’Imago Pietatis ont permis de le situer dans une tradition artistique marquée par une grande expressivité et un souci du détail.
En comparant les éléments stylistiques, notamment les traits des visages des anges, nous avons pu établir une ressemblance significative avec les oeuvres de Bartolomeo Bellano.
Ce rapprochement enrichit notre compréhension de l’oeuvre et offre un éclairage précieux sur son contexte de création, confirmant son appartenance à l’entourage de Bartolomeo Bellano.

Imago pietatis – Northern Italy – 15th century

Share