Cette magnifique stèle funéraire d’époque romaine se présente sous la forme d’un temple gréco-romain.
Offrant un décor riche, la stèle se compose de trois parties distinctes :
La première, concerne la composition principale, insérée dans un décor de temple. Le fronton est de forme triangulaire, décoré par une frise de palmettes. Une fleur à quatre pétales marque son centre. En dessous se dessine une frise non sculptée, vierge, de métopes. Deux colonnes, en relief, viennent soutenir la structure. Elles sont composées d’un chapiteau corinthien, assez schématique, d’un pilier sculpté, et d’une base imposante.
Entre les deux colonnes, et donc au centre de la composition architecturale, se trouve une figure féminine, aux bras levés. Sa tête est accidentée si bien qu’on ne peut distinguer les traits de son visage. Elle tient fermement dans ses mains son voile. Elle est vêtue d’une robe longue, à manches courtes, un manteau posé sur ses épaules. Le col de la robe est en forme de V et les plis du drapé sont rigides.
La deuxième partie de la stèle se situe en dessous de la composition. Il s’agit d’une épitaphe, de trois lignes, rédigée en latin, insérée dans un cadre. Il est noté : DIS.MAN.SAC / AULA LVCAN. APIA / VIXIT.ANNIS.LV.HSE. On reconnaît alors les mots « DIS. MAN(ibus) SAC(rum) / AULA LVCAN(us) APIA / VIXIT. ANNIS. LV. H(ic) S(epultum) E(st) », que l’on traduit par « Consacré aux dieux Mânes / Aula Lucan(us) Apia / a vécu 55 ans, est enterrée ici. ». L’inscription identifie alors la défunte.
La dernière partie est un bloc, carré, sans aucune décoration, plus petit que le reste de la stèle, probablement enterré.
La stèle appartient au type grec du naiskos, ou de l’édicule à Rome.
Les naïskoi peuvent être de simples stèles ou des monuments architecturaux de grandes dimensions. Ce type d’architecture funéraire se développe vers le Ve siècle avant J.-C. en Grèce et connaît une grande popularité durant l’époque hellénistique (323 av. – 31 av. J.-C.). En dehors de la Grèce, on retrouve ce type architectural à Tarente, où il connaît un important développement à la fois dans la statuaire que dans les céramiques en tant que motif iconographique, mais aussi en Gaule Romaine où ont été retrouvés des naïskos de petites dimensions en terracotta. Dans l’art romain, le naïskos prend le nom d’édicule.
Cette stèle n’est pas aisément datable mais quelques indices permettent de délimiter des bornes chronologiques : la présence d’une invocation aux dieux Mânes qui apparaît sur les tombes au début de l’Empire (Ier s. avant J.-C.); la présence de l’adjectif « sacrum » est un ajout du IIe siècle de notre ère. La stèle doit alors se situer aux alentours du IIe siècle de notre ère, puisqu’au cours des IIIe et IVe siècles, l’invocation aux dieux Mânes est peu à peu remplacée.
Les stèles suivant une tradition romaine connaissent une grande popularité dans le monde romain. Retrouvées aux quatre coins de l’empire, certaines de ces stèles offrent quelques similarités avec celle présentée, qu’elles soient funéraires ou bien votives. On retiendra ce relief punico-romain présentant une figure de Perséphone, datée du IIe-IIIe siècle de notre ère, conservée au musée archéologique de Turin. On remarque alors que les deux compositions architecturales sont assez ressemblantes, contrairement aux décors, du lion et de la figure principale, qui eux diffèrent.