Cette magnifique Pietà en albâtre est une production du début du 15ème siècle.
Le groupe sculpté montre le Christ mort, allongé sur les jambes de la Vierge. La Vierge est assise, sa main gauche tient fermement la tête de son Fils, tandis que sa main droite vient délicatement se poser sur son corps.
La tête de la Vierge est légèrement penchée en avant et dissimulée par un épais voile. Ses yeux fins, discrètement entrouverts, trahissent la profonde tristesse de la Vierge.
Elle est vêtue d’un manteau, dont les drapés, précieusement exécutés, retombent sur la base sculptée, caractéristiques de l’époque gothique.
Quant au Christ, sa tête est tombante, sécurisée par la main de la Vierge. La Sainte Couronne est posée sur ses longs cheveux. Le visage du Christ semble paisible, contrastant avec l’émotion forte de sa Mère.
Son corps est finement taillé, les côtes saillantes ainsi que la maigreur frappante du Christ sont mises en valeur par le sculpteur. La position de sa main gauche donne à voir les stigmates de Jésus.
La partie basse du corps est recouverte par un court périzonium, noué au niveau de sa taille. Enfin, la jambe droite du Christ est manquante.
Sur la base sculptée, on note la présence d’un os, à l’extrême droite de la sculpture, ainsi qu’un crâne, placé en dessous du Christ. Symbole de vanité, le crâne représente la mortalité, le temps qui passe et du jugement. Pour l’os, celui ci est associé à l’abandon de l’enveloppe charnelle et le retour à la matière.
Enfin, sous la sculpture se trouve un trou suggérant sa fixation à une structure plus large, potentiellement un retable en bois sculpté comme on en retrouve souvent dans l’Europe du XVe siècle.
Il est possible de trouver une certaine correspondance entre cette oeuvre et les statues de l’autel de Rimini, conservées au Liebieghaus de Francfort.
L’autel de Rimini, acheté par Georg Swarenzki pour le Liebieghaus (Francfort), prend la forme d’une Crucifixion dans laquelle interviennent de nombreux personnages. On retrouve en partie centrale le Christ sur la Croix, surplombant les deux larrons, ainsi que des soldats romains. Ces figures sont accompagnées par Longinus, la Vierge endeuillée, Saint-Jean et les Douze Apôtres.
À l’origine, l’autel décorait l’église de Santa Maria delle Grazie à Covignano, près de Rimini, et fut probablement commandé par Sigismondo Pandolfo Malatesta (Seigneur de Rimini), à un artiste que l’on nomme le Maître de Rimini.
Selon de récentes recherches, réalisées par Anton Legner, Paul Williamson, Monique Blanc et Kim Woods, le Maître de Rimini peut-être assimilé à un sculpteur actif aux Pays-Bas du Sud, entre 1390 et 1450, possiblement à Gillis de Backere, qui travaillait à la cour de Philippe le Bon.
De ce que l’on sait, le Maître de Rimini est un sculpteur (ou un groupe de sculpteurs) supervisant un atelier du début des années 1420 à mi 1440, et dont les oeuvres sont exportées principalement en Silésie, en France, en Italie et en Savoie. Il n’a, vraisemblablement, travaillé que sur de l’albâtre, et a réalisé plusieurs Pietà, possédant toutes un traitement élaboré des drapés, et qui montrent les visages angoissés de la Vierge et de son Fils.
De manière plus générale, les oeuvres du Maître de Rimini sont caractérisées par une certaine angularité de la structure faciale des figures (le visage plus large au niveau des tempes qu’au niveau de la mâchoire, les joues ciselées, etc.), ainsi que par la masse concentrée des plis des drapés. La piétà que nous présentons partageant plusieurs de ces caractéristiques formelles, nous conduisent à envisager une attribution au Maître de Rimini.

Pietà en albâtre circa 1420

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