Cette magnifique figure en bois polychromé daté du XVIe siècle, est produit à Malines, en Belgique, et représente le Christ enfant bénissant.
Présentée sous la forme du Salvator Mundi, ou « sauveur du monde », la statue souligne la double nature du Christ, divin et humain, par deux aspects : sa nudité et le globe associé au geste de bénédiction.
Ici, le divin Enfant est montré nu, bien en chair, le torse allongé et les cuisses lourdes et arrondies. Il repose debout sur un socle hexagonal.
Son cou droit soutient sa petite tête. Des mèches de cheveux retombent légèrement en boucles sur son large front. Son visage est peint délicatement : ses sourcils sont rendus par des traits fins, ses yeux en amandes sont petits, son nez sculpté est soigneusement retroussé, ses joues sont roses et sa bouche fine est souriante. Tous ces traits contribuent à l’apparence sereine et apaisante du Christ.
De sa main droite, l’Enfant lève son pouce, son index ainsi que son majeur afin de bénir le spectateur. De plus, il tient dans sa main gauche un globe doré.
Les statuettes dépeignant l’Enfant Jésus en Salvator Mundi, sont fréquentes autour de 1500. Liées à des nouvelles formes de dévotion plus privées, plus incarnées, ces statuettes font l’objet de manipulations particulières lors des prières.
Par exemple, les religieuses pouvaient habiller ces statuettes christiques, les coucher, leur parler etc…
Ainsi, en 1344, une lettre de la dominicaine Margaretha Ebner décrit ce type de pratique : ‘Le petit Jésus pleure et l’empêche de dormir, exigeant qu’elle le prenne contre elle dans son lit. Elle accepte mais lui demande un baiser pour qu’il se fasse pardonner son caprice et il s’exécute en le prenant dans ses bras. Une autre fois, l’Enfant exige d’être allaité. Elle le serre contre elle et éprouve la sensation d’un contact humain sur son sein nu’.
Les statuettes en bois de la production malinoise du XVe siècle s’inscrivent dans ces nouvelles pratiques religieuses, réservées à la sphère privée. Ce type de production se caractérise surtout par la polychromie laquée des figurines.
Les exemplaires des statuettes en bois du Christ bénissant restent précieuses, puisqu’ils ne constituent que 10% de la production malinoise au XVIe siècle.
On en retrouve deux exemplaires dans les collections muséales françaises, l’une au Musée de Cluny et l’autre au Musée du Louvre. Ces deux Salvator Mundi possèdent de nombreuses ressemblances avec notre statuette : la coiffure, la polychromie laquée, le geste de bénédiction et le globe doré, le corps dodu et le torse allongé, la nudité de l’Enfant etc.. On note seulement que l’exemplaire du Musée de Cluny ne possède pas de socle, et que celui du Louvre diffère de notre œuvre.
Enfin, ce Christ enfant mesure 39cm correspondant à la hauteur attendue pour ce type de production, comme indiqué par l’ouvrage Made in Malines : « la hauteur de 35 à 37 cm est dominante jusqu’au milieu de la production ».
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