Ce bas-relief en marbre représente la Vierge à l’enfant qui est accompagnée de l’Agnus Dei. Ce sujet est assez rare, car il combine la Vierge, l’enfant et l’agneau sur un nuage, le tout sur un bas-relief qui est assez épais. Cela permet à l’artiste d’ajourer certaines parties, nous pouvons donc définir cette oeuvre comme étant en fort relief.
Cette sculpture, provient de la collection de Jean Moreaux. Ce chirurgien, passionné de voyage, côtoya autant les collectionneurs que les antiquaires, ce qui lui permit de développer une grande culture artistique. Il entreprit la constitution d’une large collection « Haute Époque », comprenant des céramiques italiennes et espagnoles, des objets liturgiques ou encore des tapisseries flamandes. Il élargit par la suite sa collection chrétienne hors de l’Europe, en ramenant par exemple une croix de bénédiction faite en Éthiopie.
Nous pouvons attribuer notre oeuvre au sculpteur et architecte lombardien Briosco Benedetto. Ce dernier, né en 1460 et mort en 1517 a participé à de nombreux chantiers. Il a par exemple fait le portail de la Chartreuse de Pavie. Cet artiste s’est spécialisé en bas-relief, il en a produit une quantité impressionnante et nous pouvons en voir un qui appartient à la collection de S.Bardini à Florence.
La Vierge, Ste Anne, le Christ et St Jean Baptiste sont sculptés sur ce bas-relief.
Nous pouvons remarquer certaines similitudes avec notre oeuvre. Tout d’abord, le voile de Marie est noué en plis tournés puis serrés et entoure sa tête, les corps des enfants sont charnus. Enfin, la particularité de cet artiste était de sculpter des nuages à certains endroits stratégiques. Dans cette oeuvre, il y en a un de chaque côté du dais et nous pouvons peut-être deviner des visages de puttos dessus. Concernant notre oeuvre, c’est l’Agnus Dei qui est assis sur un nuage. Derrière cet animal, nous pouvons retrouver une croix très fine qui est aussi présente sur l’oeuvre de la collection de S.Bardini, sauf que cette fois-ci, la croix est au pied de la Vierge et l’Agnus Dei est à côté.
Concernant notre oeuvre, nous pouvons y voir la Vierge essayant de retenir son enfant qui essaye de s’échapper de ses bras. Son visage est bienveillant, elle tourne son regard vers son fils dans une posture protectrice, ses lèvres sont fines et le bout de son nez est accidenté. Sa chevelure est retenue sous un voile noué tout autour de sa tête, mais deux mèches s’en échappent pour venir encadrer le haut de son visage.
Sa tête est détachée du fond du bas-relief ce qui permet de donner un effet de profondeur, le renfort est visible quand nous regardons l’oeuvre sur le côté.
Elle est habillée d’une tunique et par-dessus elle porte un manteau qui descend jusqu’à ses pieds.
Les nombreux plis de sa tunique et de son manteau rappellent les drapés qui était visible sur le statuaire antique des déesses. Marie est debout sur une avancée faite en marbre, les bouts de ses pieds, vêtus de chaussures sont visibles, car ils dépassent de sa robe. L’un de ses pieds sort d’ailleurs de cette avancée en marbre.
Jésus est représenté sous le trait d’un enfant, il est nu et tout en chair. Ses cheveux sont visibles malgré le temps qui les a patinés. Il tente de prendre appui avec ses jambes sur l’un des bras de sa mère afin de s’en extirper. L’artiste a pris le soin de sculpter l’orteil de l’enfant dépassant entre les doigts de sa mère. Ce dernier est intrigué par l’agneau, assis sur ses pattes arrière qui flotte sur un nuage à son niveau. Il est reconnaissable à sa laine sculptée en petits tourbillons et son fin museau.
Cet agneau, visible sur le bas-relief pourrait être l’incarnation du divin sur Terre, il est sur un nuage pour montrer qu’il vient du ciel et tend sa patte vers l’enfant nouveau-né. Nous pouvons remarquer qu’il est au même niveau que Jésus, cela permet de montrer qu’il n’y a pas de hiérarchie entre la figure céleste et la création de Dieu, qu’est l’Homme.
Lorsque Jean le Baptiste, va parler de Jésus en l’appelant « l’agneau de Dieu », il appuie le fait que c’est le Messie, c’est grâce à sa naissance mais aussi à sa mort qu’il va permettre de révéler la véritable nature de Dieu. Jésus, dans ses ancêtres, avait beaucoup de bergers (Isaac, Jacob ou David), c’était un métier assez prestigieux à cette époque-là, symbole de protection et d’autorité, ils étaient souvent associés à une idée de royauté. Le roi-berger ramène les brebis égarées.
Ce bas-relief est caractérisé par la figure de « l’Agnus Dei » sur un nuage, cette représentation, assez rare et détaillée nous a permis de l’attribuer à l’architecte et sculpteur Briosco Benedetto. Sur cette oeuvre, nous pouvons voir les figures importantes de la Bible : La Vierge Marie, Jésus son enfant nouveau-né et enfin Dieu le père personnifié sous la forme d’un agneau.

Bas-relief en marbre représentant la Vierge à l’enfant – Italie – XVIe siècle

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