Cette magnifique statue en marbre, datée du Ier ou du IIe siècle de notre ère, possèdeles caractéristiques et les attributs de la déesse Hygie. La déesse porte un voile fin posé sur le hautde sa tête, couvrant ainsi subtilement ses cheveux tout en exposant nettement son visage. Sa tête est délicatement orientée vers la gauche. Ses traits sont sérieux, fermes maisfinement creusés avec une grande minutie. Ses yeux, en amande, se posent sur un point au loin. Son nez mince est droit, ses lèvres sont pincées et son visage juvénile dégage de la douceur.
Ses cheveux, que l’on devine longs, sont c oiffés, attachés et retenus par un bandeau. Cette coiffe se retrouve souvent dans les représentations de déesses ou de vestales. Ses vêtements sont rendus avec attention : elle porte une longue tunique à manches ainsi qu’un manteau noué à sa taille, dont les contorsions serpentines rappellent la présence du reptile dans sa main gauche. Le drapé, apparaissant comme mouillé, moule et sculpte son corps Montrée dans un léger contrapposto , la déesse repose sur une base sculptée. On identifie la f igure féminine à la déesse Hygie par la présence du serpent s’enroulant dans sa main droite.
Hygie est, dans la mythologie grecque, la fille d’Asclépios, dieu de la médecine, et d’Epione. Déesse de la santé, elle est associée à lapropreté et à l’hygiène.Chez les Romains, on retrouve la déesse de différentes façons : dans un premier temps, elle est identifiée à Valetudo, déesse de la santé personnelle fille d’Esculape (nom romain d’Asclépios), puis, vers le Ier siècle avant notre ère, elle est assimilée avec Salus, une des plus anciennes déesses du panthéon romain. Salus est associée dans le culte romain à Fortuna (la Fortune) et Spes (l’Espérance) puis à Apollon et Esculape, dans des rites sacrificiels (Tite-Live, XL, 37).
Les représentations d’Hygie et de Salus sont assez stéréotypées. Pour Hygie, elle est toujours montrée comme une jeune femme accompagnée d’un serpent, souvent long, enroulé autour de son corps et buvant dans une coupe. Salus est au départ montrée assise sur un trône, accompagnée elle aussi d’un serpent, qu’elle nourrit à l’aide d’une patère. Plus tard, elle est debout, nourrissant toujours le reptile. Dans le cas de notre statue, il est possible qu’une coupe se trouvait dans la main droite, étant difficilement dissociable du serpent.
Le serpent, associé à la fois à Asclépios (Esculape) dans son célèbre bâton et à Hygie, fait référence à des forces bénéfiques et de guérison, sa mue étant un symbole de renaissance permanente (Marie Nonclercq, 2016). On retrouve ces attributs dans plusieurs statues dépeignant la déesse comme par exemple dans l’Hygie provenant de la villa romaine de Chiragan, où le serpent, plus long, s’enroule autour de la déesse. Ou bien dans la statue de Salus du musée de Columbia, où le serpent repose sur la paume de la main de la figure.
Ainsi, cette statue d’Hygie-Salus que nous présentons ici, constitue un parfait exemplede reproductions, de transmissions iconographiques, et sûrement de culte, entre la Grèce et la Rome antique. D’une grande qualité stylistique et technique, il pourrait s’agir d’une reproduction miniature d’une statue de temple de grande dimension.




