Ce bas-relief en marbre représentant une Allégorie de la Religion Chrétienne présente les caractéristiques du style de l’École Française du XVIIe siècle.
On observe une femme, dont le haut de la tête est couvert par un voile laissant échapper ses cheveux ondulés. Son visage est rendu à l’antique par son nez aquilin, ses yeux écarquillés sans pupilles, sa bouche légèrement entrouverte et son menton sculpté. Bien que son corps nous fasse face, sa tête est tournée vers sa droite, mais son cou reste droit. La figure porte un vêtement fin, collé à son corps, révélant ainsi son nombril et les seins ronds, qui se termine néanmoins par des plis lourds et denses.
Semblant presque assise, la figure effectue un mouvement de la jambe gauche, qu’elle replie, afin de poser son pied sur une butte. Sa jambe droite, elle aussi, se fléchit dans un geste plus léger partant vers la droite. Son pied droit déborde du cadre du bas-relief, symbole du raffinement dont a su faire preuve l’artiste.
Le bras gauche du personnage se tord dans un mouvement serpentineux et impossible, pour venir soutenir une croix longue et droite.
Son bras droit est levé, plié, et sa main tient deux clefs, liées par une sangle, sur lesquelles est posé un oiseau, possiblement une colombe, dont les plumes sont sculptées.
Bien que le symbolisme de l’oeuvre saute aux yeux, il reste complexe à identifier avec précision. Les attributs portés par la figure féminine (la croix, les deux clefs et l’oiseau) sont polysémiques et se retrouvent dans de nombreuses allégories, cependant, il est assez rare de les représenter ensemble.
La croix est celle de la Crucifixion du Christ. Elle constitue un symbole important de l’Église et du Christianisme. On la retrouve alors représentée dans les scènes liées à la Passion du Christ, mais aussi dans des allégories relatives à l’Eglise, la Religion ou encore la Foi.
Les deux clefs sont celles données par le Christ à Saint-Pierre dans l’Évangile selon Matthieu (16:19) où Jésus déclare : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. ». Deux clefs sont alors remises : l’une en or (céleste), l’autre en argent (terrestre).
La colombe incarne le Saint-Esprit. Présente dans plusieurs passages de la Bible, la colombe est un symbole d’espoir et de fidélité lorsqu’elle est envoyée par Noé pour avertir la fin du Déluge (Genèse, chapitre 8). Dans le Nouveau Testament, la colombe sert à représenter le Saint-Esprit, présent au moment du baptême de Jésus : « il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : ‘’Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.’’ » (Évangile de Marc, 1, 10-11). Symbole du christianisme, la colombe en tant que forme manifeste du Saint-Esprit, est un messager de l’amour divin.
Ainsi, les trois attributs présents dans ce bas-relief sont des symboles connus du Christianisme.
Les représentations religieuses, encouragées par le Concile de Trente, se dotent à partir de la seconde moitié du XVIe siècle d’une portée didactique, instructive, intellectuelle, censée favoriser la dévotion des fidèles. Ainsi, certaines oeuvres religieuses de cette période accentuent l’émotion entourant les martyrs des Saints et la Passion du Christ, tandis que d’autres répondent à un courant intellectuel et doctrinaire. L’Allégorie ici présentée peut se rattacher à ce second courant, conséquence du Concile de Trente qui aura des répercussions dans les arts jusqu’au XVIIe siècle.
Il est possible de rapprocher notre oeuvre de certains bas-reliefs de l’école française du XVIIe siècle.
Ce bas relief de François Girardon représentant une Figure Allégorique, dit « la Mélancolie », présente quelques similitudes avec notre oeuvre : l’attitude de la figure, le drapé de la robe, le pied qui dépasse du cadre de la sculpture, la main levée.
Ou encore dans ce bas-relief d’une Allégorie de la Foi, attribué à Louis Le Conte et conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille, où l’on retrouve le pied qui dépasse du cadre, le drapé fin qui laisse entrevoir le nombril de la figure, la croix droite.
Et enfin, dans ce bas-relief de Jean Hardy, représentant la Religion terrassant l’Hérésie, réalisé en 1688, conservé au Musée du Louvre.
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