Cet ensemble d’exception est un encrier en cuivre doré et corail dit de Trapani. Dès la fin du Moyen-Âge, la ville de Trapani en Sicile devient un important foyer artistique du fait de ses récifs coralliens. Cette cité portuaire accueillait une grande population israélite, mais également des chrétiens et des musulmans, qui prêtaient au corail un pouvoir divin. Au XVIe siècle, cette matière était considérée comme rare et précieuse car elle était très difficile d’extraction. La popularité du corail vient aussi du goût de l’époque pour les sciences naturelles et les cabinets de curiosité.
Jusqu’au XVIIIe siècle, la ville de Trapani possédait des ateliers spécialisés dans les oeuvres en cuivre doré orné de corail et cette production était exclusive à la région. D’un côté, de nombreux objets religieux se sont développés notamment car, chez les chrétiens, le corail symbolise le sang du Christ et on lui attribuait des vertus magiques.
De l’autre, ces objets pouvaient être profanes et étaient destinés à des galeries ou des pièces d’apparat de familles aristocrates.
En général, les plus belles pièces servaient de cadeaux diplomatiques et étaient destinées aux cours européennes. Notre ensemble en fait partie car il porte le blason de la famille Médicis. La période à laquelle on attribue cet objet nous permet de penser qu’il était destiné au Pape Léon XI, de son vrai nom Alexandre Ottaviano de Médicis.
Une étiquette au dos du plateau indique que l’ensemble appartenait à la collection d’Antonio Virga (1923-2001). Ce collectionneur de Palerme avait un
goût particulier pour les arts décoratifs siciliens, plus précisément ceux des XVe et XVIe siècles. Antonio Virga se distinguait par sa volonté d’acquérir
d’acquérir des objets issus de domaines artistiques longtemps considérés comme mineurs et qui pourtant suscitaient depuis longtemps l’intérêt, ainsi que de très belles pièces dignes d’être exposées dans les grands musées.
Cet encrier représente donc un très beau témoignage de la production d’oeuvres en corail de Trapani. Il permet d’appréhender l’importance de ce foyer artistique au XVIe siècle mais également celle de sa diffusion grâce aux cadeaux diplomatiques.